Une vie dans les cartons
Le plumitif que je suis confesse une manie proche du toc : j'ai une compulsion d'achat de livres que je commence. J'adore les librairies,mais ce sont des endroits dangereux, en ce qu'ilq me rappellent irrémédiablement les propositions précédentes auxquelles j'ai dit oui, ces romans, essais, poésies, livres étrangers , et j'en passe. les maigres rayonnages que j'ai construits chez moi peinent à contenir ce que cette folie m'a amené à accumuler au fil des ans.
J'ai tour essayé pour me raisonner , j'ai préféré acheter des volumes de poche, parce que ça prend moins de place Bon, c'est l'illusion préférée des étudiants de tout poil , je me suis réveillé un jour avec une humeur ascétique et spartiate, consumé par la résolution à ramener à 10 livres quintessentiels les centaines de candidats amassés et empilés dans tous les coins. Les différents déménagements n'y ont rien fait, et j'ai perdu davantage d'amis que de livres. Les tours de reins qu'ils se sont pris à essayer de soulever mes cartons leur ont fait haïr à vie les intellectuels;
Enfant, j'ai adoré recevoir ce magnifique cadeau d'une voisine amie de ma mère : un carton de livres. Peut être que mon goût du rangement horizontal date du jour où j'ai abaissé mes yeux enfiévrés sur ce parallélépipède chargé de livres-en-trop d'une autre maniaque. Ma convalescence n'en a été que plus douce. J'ai à présent de quoi lire pour trois vies, et je me propose de faire l'inventaire de mes plaisirs au fil de ces billets.